23 juin 2013

Raid des Terres Noires


Digne des plus grands ?!
Le Raid des Terres Noires vous plonge dans le grand bain du vtt avec tout ce qu'il peut y avoir de bon, et même d'excellent souvent, dans ce sport nature qu'on consomme sans modération sur des sites sans cesse remarquables.

► Srava -          Raid des Terres Noires

Digne-Les-Bains, c'est un des endroits idéal pour faire une cure thermale et faire passer quelques maux, par contre ne comptez pas vous désintoxiquer du vtt, après le raid vous serez accro encore plus à ce vtt, qui décidément nous en fait voir de toutes les couleurs.

Souvent en relatant quelques aventures mémorables, je me dis qu'on peut pas trouver mieux, que je viens de faire le top du top, que nulle part ailleurs ce sera meilleur… et à chaque nouvel épisode sur des terres inconnues, on découvre d'autres pures merveilles qui apportent encore un peu plus de bonheur à chaque fois.
Donc j'ai bon espoir d'en faire de meilleures encore, mais en attendant demain, celle-là restera certainement comme un must, une des plus belles, où on côtoie souvent, très souvent, le superbe à tout les niveaux.

Je la mets volontiers parmi l'une des toutes meilleures que j'ai faites à ce jour.
Bien entendu, tout n'est pas rose sur le Raid des Terres Noires et attendez vous à en bavez massivement.
La condition physique est comme partout sur ces grandes épreuves une condition essentielle pour l'apprécier pleinement et à sa juste valeur.
La difficulté est très grande, c'est une course.
Le dénivelé positif est énorme sur la distance et seule une préparation adaptée vous permet de combattre la souffrance, et ainsi de ne pas subir tous les obstacles du terrain, et de transformer ensuite tout ça en très grand plaisir.
Si vous êtes prêt au choc physique, l'impact des sensations sera énorme et alors là, plaisir no limit. 
Elle est d'autant plus belle qu'on la découvre et qu'on vient de loin.

Si on devait habiter sur place, on s'en lasserait peut-être à rouler dessus toute l'année, mais la première fois, c'est extrêmement fabuleux.
Splendide et somptueuse sur le plan des paysages, le plaisir du pilotage technique atteint des sommets et l'amusement est décuplé sur les parties ultra ludiques, 
où on se laisse embarquer dans une furia de voltes, de sauts, ou de valses en tout genre, sur tous ces passages magiques. 

Jubilation intérieure par endroits, tellement c'est bon d'enquiller ces séquences hors normes. 
Ajoutez à ça quelques passages flippants, limite angoissants, où on frissonnent quasiment de frayeur, et vous avez une épreuve extraordinaire, dense, superbement située, et qui ravira tous les adeptes des expériences ultra complètes.

Bon voilà, pas la peine d'attendre la fin pour vous dire que c'était super.
Les Terres Noires étaient au rendez-vous du calendrier club en 2013, et le weekend s'annonce grandiose pour aborder cet événement. 10 ème édition.
On est nombreux sur le départ avec quinze Maillons (et Maillones) pour tenter l'aventure.
La météo, enfin nous sourit. Ce sera sans eau et bien chaud (pas caniculaire). Le camping des Eaux Chaudes quant à lui, sera parfait. 

Le samedi après midi, trente degré au mercure, échauffement sans trop forcer.
On passe d’abord chercher les plaques, le maillot, faire un tour de repérage du départ etc.
Au passage, le certificat médical papier au vingt et unième siècle, ce serait chouette de l'envoyer avant avec l'inscription.
Direction le début de la trace, pour faire une petite quinzaine de km sur l'entame du parcours.
Surtout la première bosse et la première descente, histoire de voir ce qui nous attend.
Une heure trente environ pour débloquer l'organisme. C'est utile, c'est pas utile ? En fonction des individus, c'est selon ses sensations personnelles. 
Pour ma part, ça ne m'a jamais fait de nuisances particulières le lendemain. Au contraire je pense que c'est utile. 
Et c'est surtout très bénéfique pour la gestion de la première difficulté et le repérage de la descente qui est annoncée plutôt technique.

En soirée, les petits repas apéros buffets improvisés, je vous en parle pas, c'est pas raisonnable.
Mais zauriez du v'nir !! 
A la veille d'une course, y parait qu'il faut pas trop manger. Y parait !!! 


Dimanche matin, jour J, faut y aller maintenant.
L'aire de départ proche du stade est à dix minutes de moulinage et sur un profil descendant. 
Au passage en ville, on fait la jonction avec Jean Marc et Mary, descendus une fois de plus de Paris pour revivre cet épisode des Terres Noires.
On aura fait trois grandes aventures en commun en ce mois de juin et c'est certainement parmi les toutes meilleures. 
Au plaisir de retrouvailles futures.

Y a du monde sur ce raid. 400 Raideurs et 600 Randonneurs. Inscriptions complètes. 
Mise en grille des premiers vers 7h45. Départ 8h00.
Les soixante premiers dossards sont positionnés sur le devant de la ligne de départ. 
Il s'agit de coureurs probablement bien classés sur les éditions précédentes ou connus pour leurs performances sur les grands raids. 
Il y a aussi les féminines qui sont dans ce groupe que j'appelle VIP sur le moment. 
Martine se risque à un autre terme (vieilles pies) qui déclenche un bonne rigolade pré départ. Trop fort le terme "vieilles pies".
Sinon on redevient sérieux le temps que le monsieur nous fasse le briefing du départ.



8h00, ça déboule copieux sur le cordon de bitume qui nous étire un peu jusqu'au pied de la bosse. Normalement les sprints en vélo, c'est à la fin. Là non ! D'entrée les types ils sont déjà à l'allure du cent mètres olympique.
Bah tant pis… tu fait pareil.

Allez c'est parti pour je sais pas quoi, ni quand, ni comment, mais j'y vais de bon cœur.
Et au fait, qu'est qu'on a d'ailleurs à déguster ?
70 km – 3500 m de positif.
Je vous fait pas la courbe, déjà je suis nul en dessin et puis pas le temps là… ça monte d'entrée.
Un morceau de route et on teste l'adhérence des pneus sur une piste caillassée. Le positif, eh bien on y est déjà.
Deux gros km rudes sur la première partie, une piste qui se met à pencher sévère rapidement avec des passages de poussettes obligés.
Très gros pourcentages infaisables à plusieurs reprises. 
La reconnaissance de la veille nous permet de savoir gérer au mieux cette première difficulté.

Lorsqu'on rejoint les pinèdes, ça va nettement mieux, tout se fait sur le vélo ensuite.
Au cinquième km, on redescend un chouïa sur piste avant de goutter le plaisir d'un superbe petit sentier qui plonge un peu sur la fin. 
Très bon pour débuter.
La traversée du petit ruisseau marque la suite de la grimpette. 
Chemin d'abord, qui ressemble beaucoup à un ruisseau asséché et ensuite ça grimpe plus franchement sur une monotrace jusqu'au Pas D'Entrages.
Fin de la première bosse. Déjà un bon gros morceau d'avalé.

En haut, avant de basculer, le paysage de l'autre versant s'ouvre devant les yeux. Profitez en un peu, ça vaut le coup d'œil.
La descente qui devait être technique ne l'est en fait pas du tout. Enfin, du moins y a pas de difficulté apparente, à part le passage un peu délicat dans une épingle à droite, mais sinon RAS.
Simplement le début peut être idéal pour trancher les pneus avec les pierres saillantes. Pour la suite, c'est à fond et plutôt lisse et droit jusqu'en bas.

Village d'Entrages, premier ravito. Pas d'arrêt, on a fait 10 bornes.
On poursuit vers du positif sur quelques km. C'est le GR des Préalpes sur lequel on circule.
Chemins et quelques monotraces sympathiques. Vous avez déjà quelques passages très très brefs sur des terres noires.
La piste nous conduit sans difficulté sur les hauteurs avant de redescendre toujours sur piste (bof ??!!).
Deux ou trois km de descente sans intérêt. Tellement peu d'intérêt que je trouve le moyen de déchirer mon pneu arrière. 
Eh merde de merde !
Si encore c'était sur un passage de silex tranchants ou une méchante descente technique, y aurait de quoi comprendre.
Mais là non, que dalle. Une piste lisse à trente à l'heure.

Résultat, une belle entaille de deux centimètres sur la bande de roulement. C'est bon, la partie s'annonce facile quand tu vois la gueule du pneu.
Si ça tient toute le journée avec cette estafilade ! 
Chambre à air, emplâtre avec le morceau de vieux pneu que vous avez dans la musette (sinon c'est retour à la maison direct) et gonflage en surpression. Adieu la souplesse du tubeless. 
On va dire trois ou quatre minutes pour réparer. Les copains passent plus quelques autres concurrents.
On est au quinzième km environ, c'est pas le tout début de course, donc les positions sont déjà un peu en place et les quatre cents inscrits ne passent pas heureusement.



Après quelques coups de pompe, ça repart pour terminer cette piste et se plonger dans le premier caviar du jour.
Une grosse partie pentue à se tortiller d'abord entre les arbres. Excellent !
Et ensuite un peu plus bas, ça penche fort sur les amas de terres et rocailles. Sensass !
Jusque sous le pont en bas pour la traversée de la rivière. C'est trop bon, avec déjà de quoi se mettre des gaufres épaisses si tu te manques. Fin de la régalade et début de la deuxième grosse (très grosse) bosse. Je retrouve JeanMi. 
On roule sur un profil qui ondule plus ou moins. De supers monotraces pendant quatre ou cinq km. 
Des petits passages techniques qui demandent déjà une bonne gestion de l'effort. Quelques poussettes de rigueur par endroits. 
La température est excellente, il fait pas chaud encore, et on est plutôt sur des parties ombragées depuis le départ.

On passe au ravito numéro deux pour refaire le plein. Petit hameau de Les Dourbes.
Je suis revenu sur Julien et on continue ensemble sur la route qui marque le début de la très longue montée vers le Pas de la Faye (1700 m).
On se fait déposer grave par une mobylette sur cette partie. La vitesse en montant de ces vtt à assistance électrique est impressionnante. Y des watts !
Bon avec les jambes, c'est sur que c'est moins rapide, mais ça reste du vrai vélo au moins.

Faut pas s'endormir, la côte va durer longtemps. 6 km environ de positif XXL.
On garde une piste un long moment avant de bifurquer sur un monotrace enfoui dans les pinèdes.
En montant, vous apercevez à travers la série de lacets, tout en haut la barre rocheuse énorme et vertigineuse qu'on doit franchir.
La question est, où est la faille? Par où va t'on passer pour escalader cet immense mur ?
On progresse partout sur le vtt pour l'instant. 
Il n'y a que l'approche finale qui va se faire en poussage portage par endroits, car on a déjà bien donné question physique depuis le bas. 
Au passage, je retrouve JeanBa qui fait une petite pause à l'ombre des sentiers, pour expédier les affaires courantes.
La toute dernière partie absolument splendide est en portage d'escalade carrément.
C'est superbe visuellement. Prenez le temps de regarder par la fenêtre qui s'est grande ouverte depuis que vous êtes sortis de l'emprise de la végétation.
Splendide jusqu'en haut !

Pour ceux qui ont déjà fait la TransVésubienne, les similitudes avec le Brec d'Utelle sont plus qu'évidentes.
On s'y croirait vraiment. Souvenirs souvenirs d'une autre grande épopée.
On a donc trouvé la porte de sortie de cette impressionnante et immense barre rocheuse qui s'étale sur des km.
Vous l'aviez en visuel intégral en bas, et là vous êtes en plein cœur. Et ça palpite sur certains passages où la prise de risque est interdite. 
Quelques personnes de l'organisation sont présentes pour vous aiguiller au mieux et vous conseiller. 
De toute façon, par vous-même vous jugez suffisamment du danger présent pour vous adapter au mieux à ces passes parfois délicates, surtout en vtt.
De l'autre côté, la vue est tout aussi bonne. 



On redescendent que très peu et dans une trace très technique et hyper caillassée au début.
Deux ou trois virages et on reste ensuite un très long moment en balcons, à l'horizontale sur le flanc de la montagne. Pas évident à rouler cette partie avec ces portions rugueuses truffées de pavasses par endroits.
La vraie partie descendante se fait attendre. On progresse pas très vite.
Je suis tout seul sur ces vastes parties découvertes, y a pas trop de rubalise, donc on suit la trace logique.
Mais c'est pas rassurant parfois de ne plus rien voir.
Le fléchage du parcours est bon autrement, parfois pas toujours évident ou bien placé. Mais aucun souci pour suivre.

Enfin après ce long moment rectiligne où on n'a pas beaucoup relâché l'effort, on oblique à droite sur la même sente qui se met à descendre. 
Ça descend pas pentue mais on prend très rapidement de la vitesse. Gare à pas se mettre en vrac, sur cette partie sans difficulté.
Le final est très boisé avec quelques passages un peu chaud entre les arbres. RAS, on s'amuse enfin un brin, depuis le temps qu'on appuyait, et surtout on souffle un peu.
Çà file vite, très vite jusqu'à la jonction avec la piste.
À l'entame, je revois deux ou trois gars devant. Ça fait plaisir et ça motive un peu plus pour les rejoindre petit à petit.
On a deux ou trois km de montée pour franchir le Pas d'Archail (1650 m). Peu de pente mais faut appuyer malgré tout.
On a fait déjà pas mal positif depuis le départ. C'est d'ailleurs la mi parcours sur ce col et sur cette première moitié où il y a le plus important et difficile dénivelé.
Longue descente à venir. Enfin !!

Gaz ouverts, pas de temps mort, je me mets à l'ouvrage. Tout droit dans le monotrace remuant.
Coup de frein et passage à pied sur un petit virolo serré à droite contre la roche.
Il y a des organisateurs qui obligent à passer à pince pour négocier ce virage qui effectivement si vous le manquez, la sanction est sans appel (si, au secours) et à moins d'avoir un parachute dans le camelback… Impressionnant !
La suite est tout aussi intense, mais se fait sur le vtt.
Grosse première partie en glissade plus ou moins maîtrisée sur les pierriers, virages en épingles très étroits et bien pentus.
Ça passe, pour les premiers virages, mais ça demande une bonne technique.
La suite est identique, avec encore un bon paquet d'épingles très très dures. Mélange de terre et de rocaille, je galère sur quasiment chacune d'entre elles.
J'y arrive pas, c'est trop étroit. La meilleure technique ça a été de tourner rapidement le vtt et de repartir de plus belle. 
Pour en avoir discuter avec pas mal de personnes ensuite à l'arrivée, c'est plutôt galère à négocier.
Bon mais c'est que ça descend fort par la suite le bazar, et plutôt longtemps.
Des longs bouts droits et des passages bien esquintés qui sont superbes à rider.
En bas, y a quelques passages carrément rude à passer. Un peu de poussette à quelques brèves reprises et on se remet à la grimpette sur du sentier pour rejoindre une piste et bifurque à gauche sur un monotrace.
Toujours impeccablement bons ces sentiers, je suis avec un gars que j'ai rattrapé et on fait un bout ensemble.
Il connait bien et me signale que c'est l'approche des terres noires. Elle se font attendre les garces depuis le début.



Voyons voir à quoi ça ressemble ce fameux passage qui semble un peu surnaturel sur les vidéos. Je continue sur mon rythme. On sort du bois toujours sur monotrace, la lumière enfin et l'arrivée rapide sur le gros morceau du jour. 
Déjà le visuel est impressionnant, mais quand tu t'y engages c'est flippant. 
Y en a qui passent donc pourquoi pas moi. Je me lance sans attendre la gamberge, et... c'est mortel ce truc.
Et une fois que t'as commencé, faut pas essayer de s'arrêter 😮.

Les deux premiers toboggans sont pas trop difficiles, mais c'est cette satané impression de vide partout qui te mets grave la trouille là-dessus.
Garder la vitesse (facile à dire), y a du bon grip, même si c'est en dévers parfois, regarder loin et devant bordel.
De chaque côté c'est même pas la peine, y a rien qu'une immense glissade (au mieux) et quand tu vois le gros danger de chaque côté, put… c'est monstrueux.
Le pire c'est aussi de remonter en face et de tourner comme il faut pour re basculer.
À deux reprises, on a deux petits coup de cul ultra raides de trois mètres à tout casser, mais c'est hallucinant, ratage interdit sinon.
Sinon j'en sais rien en fait. Mais faut débrancher le cerveau pour réussir cet enchainement déraisonnable.

Le dernier passage, le plus monumental, je l'ai pas fait. Déjà faut arriver à grimper le monticule et ensuite ça braque violent à droite et sur place quasiment, avant de plonger profond sur un grand gauche en dévers intérieur.
T'es en milieu hostile et l'appréhension est la plus forte. J'ai les voyants qui s'allument et je suis pas extra lucide, donc jouons la sécurité.
Avec une bonne connaissance de la zone, et en mode rando, surement que je passerais, mais là, on va tâcher de finir la course. Pas utile de se gaufrer.
Mais bordel que c'est pesant l'atmosphère sur ces quelques centaines de mètres.

Sortie de zone dans le bosquet pour se remettre dans l'excellence.
Ça plonge outrancièrement vers le bas et pour un plus grand régal.
Terre poussiéreuse et fuyante, tout en glisse entre les roches et le arbres. De l'ultra technique surdimensionné. Sensass !
La chute se termine dans le ruisseau quasi asséché. Une piste nous attend pour remonter vers le bonheur triple XL.
Très courte, on la laisse vite de côté pour s'envoler dans des zones excessivement jubilatoires, dans ce qu'il y a de meilleur ici certainement. 

On continue de descendre ces petites butes, ces couches d'escaliers naturels qui se succèdent à un rythme très rapide. 
C'est des rafales de bonheur qui surgissent sous les roues. 
Si j'avais les écouteurs sur le casque, j'aurais mis AC/DC avec Highway To Hell à fond dans les oreilles. Incomparable et géant ce passage !
Pas de danger particulier, on laisse aller, on repère les tags de coups de bombe au sol, on met la roue entre les deux et gaaaazz. 
Quantité abusive de petits sauts, de franchissements en tout genre. Tout le monde s'amuse, c'est certain et comme des dingues. Une folie furieuse ce raid à ce stade. 



Le profil redevient montant ensuite. Toujours dans le même genre de terrain. Les petits escaliers, il y en a encore, mais maintenant on les prend pas en descendant. 
Qu'importe, c'est tout aussi méga fun à passer. Certes c'est clairement très rude, mais on fait l'effort, même si ça va se payer plus tard.
Tant pis, c'est trop bon de pouvoir les grimper ces marches. Superbes sentes arides encore où bien sur, on veut rester sur la selle au maximum.
C'est top, c'est dur, ça use le bonhomme leur histoire, mais quelle aventure !

Ravito 3, ça tombe bien pour remettre du liquide. Grand soleil quand même et sur les parties découvertes maintenant ça chauffe.
Faut picoler un max. On vient de faire du splendide, mais aussi du rude.
Ça re enclenche pour une boucle de vingt minutes environ qu'elle dit la dame. 
Ouais bon… 20 mn pour les furieux de devant peut-être. Il m'a fallu un peu plus de trente je pense.
Boucle de 5 bornes qui va nous ramener sur ce même ravito. Une piste pour la grimpette. Bien vu ! Pas trop de pente, on déroule. Pas grand monde sur cette partie.
La descente qui suivra est encore un must. Trace pure, technique, avec des passages vertigineux de dix quinze ou vingt mètres tout droit comme une échelle.
T'as presque l'impression parfois que tu vas partir en OTB, mais tu lâches tout et ça passe à fond sans problème.
Poh poh poh c'est du délire !

Autant la première partie du raid est copieuse dans le dénivelé positif, avec des descentes classiques, autant sur la deuxième partie, c'est du grand art, de l'amusement perpétuel dès que ça commence à dégringoler.
Bon ok faut aimer la technique et le pilotage engagé. Engagé mais pas enduro attention, et pas brutal. Non là c'est plaisant partout.
J'en reviens encore à la condition physique bien entendu, car si vous êtes cramé, il n'y a point de plaisir et vous subirez le terrain tout le temps. 
Mais si vous êtes bien, mamamia !! Ça dépote grave dans l'overdose de plaisir. 
En fin de boucle, la banane de partout, on repasse au ravito. 

Depuis le début, je mange mes barres et mes gels en roulant et je me gave un peu de salé sur les ravitaillements. 
Fromage et chips. Le salé ça tranche avec le trop plein de sucre et ça permet de continuer à bien boire.
Reprise sans tarder, il reste vingt bornes. On enquille la piste cinquante mètres avant de tomber sur une patraquée de panneaux.
Faut que je m'arrête pour bien voir où on doit aller. 
Pas top le croisement des parcours là. Panneaux trop ressemblants. 
Bon c'était à gauche, et avant que j'ai pu tout analyser, deux raideurs passent et s'embarquent sur la bonne trace.
On fera un bon bout de sentier ensemble. C'est plutôt rude maintenant, pas tant par la grande difficulté mais on est dans des profils très irréguliers, qui ondulent au gré des monotraces. Ça monte, ça descend tour à tour.
Du cailloux en pagaille, mal rangé et qui te remue, des bons petits bouts descendants, techniques et joueurs, mais beaucoup d'énergie encore à employer pour négocier tout ça. 



Le ravitaillement suivant arrive sur une route. On a perdu pas mal d'altitude à ce kilométrage du raid.
Je m'arrête vite fait. C'est sur ce pointage que se situe la barrière horaire de 16h00. Je sais pas quelle heure il est, je refait du liquide, j'avale une bricole et feu pour la partie finale. J'ai 60 bornes au compteur et on me dit qu'il en reste 12. Bordel, je croyais dix pour faire le compte. 
Quand on aime on compte pas, mais seulement dix de plus ça m'aurait suffit. 
Bon enfin, allez roule, ça sent pas encore la binouze.

Cent mètres de route et cap à droite. 
On traverse un cours d'eau d'entrée. J'entends "Allez Cornebarrieu" au passage. Même pas vu qui c'était. Je saurais plus tard qu'on avait des supportrices au club 😉
C'est encourageant et du courage il va en falloir encore, et du punch, et de l'énergie et des watts, etc etc. 
Ça se remet à monter copieux pour changer. On va finir par se les faire ses 3500 de D+.
Put… j'y croyais pas au début mais on en mange à répétition du dénivelé, et c'est pas finit.
Ça grimpe dans un sentier plutôt large, mais bien souvent trop pentu. Je préfère même pousser ou porter quand ça demande trop d'efforts pour appuyer. 
Avec de la fraîcheur physique, ça passe sans problème, mais avec ce qu'on s'est mis dans la trombine depuis huit heures ce matin, ça devient trop rude ces pentes raidasses.

On progresse malgré tout, laborieusement, lentement mais pas trop. Et puis on bascule enfin après de gros efforts.
Wouhou ! Dès que la pente s'inverse, je retrouve des couleurs. Ça repart dans le méga top.
Faut jouer du cintre et du frein arrière pour remettre tout ça en ligne. Énorme, raid de dingue !
C'est par là je pense, un peu plus bas qu'on déguste ce splendide canyon de terres noires.
Trop bon celui-là, mais aussi trop mou. Bouillasse épaisse et poisseuse. C'est bon on a refait d'un pet la peinture des jambes. 

Dernier ravito. Ouais y en avait 6 au total.
Je fait une petite pause avant d'engager le final. 10 bornes dont une méchante bosse, longue, mortelle et jusqu'à l'infini d'après ce qui se murmure autour de moi.
De toute façon, faut finir maintenant.
Allez en selle ! Ou plutôt en piste. Pff ! Les pistes ça me saoule, mais ça doit être moins pire que les traces à ce stade du raid. Le temps passe, les km aussi, mais c'est long.



Je repars, un gars me double un peu plus loin, et me parle de Cornebarrieu, vu que sa famille habite du côté de Montauban, il connait un peu.
On discute un bout, mais il avance mieux que moi. On se perd de vue et je me perds dans la longueur des km qui semblent des miles à rallonge.
A mi pente, on redescend de quelques dizaines de mètres sur un single. Le dernier en montant, mais pas le moindre. 
La vacherie de la fin !! Bon c'est joli, ombragé, ça respire peut-être les senteurs de Provence, mais je m'en fous un peu beaucoup maintenant. 
Il me tarde de voir le bout de ces lacets infernaux. Chaque virage en épingle, t'es à pied, impossible de passer sur la selle.
Trop dur, trop serré, trop entamé.

En fait on se remonte la bosse du matin. Ah les voyous !! On est sur l'autre versant. 
Malgré la fatigue, et la pente qui te bouffe le peu de jus qu'il te reste, on passe quasiment tout sur la selle, sauf les virages. 
Et enfin, après un denier coup de rein, mais pas encore, au bout du bout, loin là-haut, ça débouche sur la piste.
Y a plus qu'à traverser, se coltiner encore vingt cinq mètres d'un mamelon marteau piqueur, avant de pouvoir souffler.

La dernière, même fatigué, je vais la faire à mach 2.
Au début, c'est pas heureux. Une vulgaire piste sans intérêt. Une copie conforme de celle du début où j'ai pété mon pneu.
Tiens au fait, il a bien tenu le bougre. Coup de bol encore sur cette aventure.
Un peu plus loin, ça s'améliore nettement. Transformation en monotrace rapide et vibrant. Rectiligne, on peut éviter de serrer le frein.
Ça sent bon tout ça. On recoupe la piste de la première bosse matinale. Une main courante de rubalise trace le passage. À fond !
Bordel, une autre piste encore. Tant pis, j'appuie.
La ville est en bas, très bas, on l'aperçoit, ça va bien finir par pencher. Ça se resserre, ça commence à gigoter sous la roue, on y est.
Descendez on vous demande.

Ça file vite dans le sous bois, je manque de me foutre en l'air sur l'espèce de ferraille en travers du sentier.
Une petite arche en fer, qui est signalé (panneau danger) mais que j'ai vu qu'une fois dessus. 
Trop tard pour freiner, la roue avant passe et l'arrière prend un coup de raquette. Je cherche pas à comprendre comment c'est passé sans dommage.
Mais c'est pas cool ce trompe l'œil en plein milieu.

Les panneaux danger, c'est assez trompeur car y en avait pas mal. Ça dépend si c'est un danger naturel ou un obstacle rapporté, comme c'était le cas là.
Les premiers panneaux tu fais gaffe, mais en fait comme le danger c'est très subjectif et dépendant des individus, chacun l'apprécie pas de la même façon, donc au bout d'un moment tu y fast plus trop attention. 
De toute façon chacun, et en fonction de son niveau de pratique est apte normalement à juger de ce qu'il peut faire ou non en matière de franchissements naturels.
Bon enfin, tout va bien, je remet les gaz.

Super monotrace final. Pas mal de virages en épingles encore, mais ceux-là, ils passent quasiment tous.
J'en coupe même un ou deux. Y a un type qui me talonnent pas loin depuis là-haut.
Je m'emploie pour rester devant mais je finis par le laisser passer, il va plus vite et je vais finir par me mettre une taule.
Un grandass avec un 29", une hauteur de selle qui doit m'arriver à l'épaule, pfouiii le type y descend épais et passe toutes les épingles à l'aise. Bravo !
Les zigzags continuent jusqu'en bas avec parfois des passages où on a droit à un tabassage en règle.
Ça passe bien, faut débrancher quelques neurones et juste laisser les yeux ouverts.

On rentre en ville dans les premières maisons. Des gars de l'organisation te signalent un km encore. Dernières forces à lâcher sur cette partie plate.
Traversée du pont, à gauche sur la jetée de la rivière, cinq cent mètres à plat et tout droit. 
Je plafonne avec mon mono plateau (26x11), trente à l'heure à peine plus, je pédale encore un peu fort mais y a plus trop d'énergie. 
Deux types me passent bien trop vite. Rien à faire, je peux pas lutter.
Un virage à gauche, la piste cyclable, une courbe à droite et on rentre dans le stade. Quatre vingt mètres et c'est finit.
Passage sur le pointage et arrêt au ravito. 

Presque 7h00 (moins 4 mn) non stop. 72 bornes et 3350 m de positif. Wahou ! Et je rentre dans les cinquante (47 ème) sur 400. Ca apporte encore un peu plus de plaisir.

Oh putain, c'était bon, c'était grand, c'était géant. Oui oui c'était dur aussi, mais quel pied. 
On ne retiendra que le meilleur, mais le meilleur est quasiment partout aux Terres Noires.
Dès qu'on s'arrête, que c'est bel et bien finit, on respire, mais la fatigue du corps s'installe rapidement. 
Tant qu'on est en prise sur le parcours, même dans le dur, on arrive à outrepasser la souffrance, à tenir.
Le mental y contribue beaucoup, mais quand c'est finit, qu'on relâche la pression, on ressent vite qu'on est un peu beaucoup flagada et vidé.
Je patiente au ravito arrivée en causant ça et là, en attendant les copains.
Je me gave de fromage, de flotte et d'autres produits. Il fait très chaud maintenant.
Le reste de la troupe de Maillons arrive les uns après les autres. 
On revoit Jean Yves, qui nous a régalé y a pas si longtemps du côté de Marseille.


Plus tard, on prend le repas en bande désorganisée et en refaisant le parcours, en sirotant une binouze merveilleuse.
La fin du séjour ne sera que meilleure encore.

Je le disais d'emblée, c'est digne des plus grands raids, digne des plus beaux, digne des plus rudes (258 classés sur 400 raideurs), digne des plus funs sur les nombreuses séquences de pur pilotage ludique, les Terres Noires c'est tout bonnement extra.
Il y a une alternance de difficulté, d’intensité, de folie douce et furieuse, de panoramas, de passages incroyables, de jubilation interne, bref autant de moments qui s’entremêlent comme rarement sur une épreuve.
Quelle journée !!!!

Merci à tous pour cette grande épopée lointaine. Bravo l'organisation de ce sommet du vtt, pour permettre de vivre ces grands moments.
Pour ceux qui hésitent, une vie de vététiste, on n'en a qu'une, alors n'hésitez plus.
Allez découvrir ces passages pleins de frissons, de vertiges, et d'émotions. Vous ferez pas le voyage pour une balade classique.

Il y aura une suite, il ne peut pas en être autrement. Elle sera surement peut-être moins intense, moins surprenante, moins acharnée et même moins attendue, mais quand même, il me tarde que ça revienne encore pour parfaire un weekend splendide.

Ajoutons à ça, une formule club en groupe, pleine de belles et bonnes choses, et vous avez pas mieux comme aventure.

À la prochaine.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire