22 juin 2008

Cap Nore

La Cap Nore 2008, on y était, on l'a vécu, on s'en remet doucement. 
Il est des raids qui marquent par la beauté, la difficulté, l'organisation, l'ambiance, la chaleur, le plaisir de la découverte ou encore la torture musculaire. 
Bon celui là, y a un peu tout ça dedans.


► Srava - Cap Nore

Classée rando d'or FFC, la douzième du nom s'est tenue ce dimanche et le club s'est montré en nombre pour découvrir ce site qui permet à plusieurs organisations de proposer de
superbes parcours vtt. L'Aude, on pourrait dire que c'est le pays du vtt.
On était quinze donc à avoir pris rendez-vous pour cette belle épreuve toujours annoncé comme un must.

Le camping est quasiment de rigueur la veille pour pouvoir partir avant que le soleil émerge. Les départs sont prévus très tôt, dès 6h30 et c'est une excellente initiative.
Après notre soirée autour des tentes et un réveil avant l'aube, on se retrouve rapidement au village départ. Une séance petit déjeuner et un retrait de plaque plus tard, on est tous plus ou moins en ligne pour le pointage de départ.

Quinze mètres pour passer les barrières, même pas sorti du village que déjà on se retrouve dans une monotrace à tortiller entre les arbres et à passer des petits ponts au ras de l'eau. Splendide ! Le ton est donné, ça commence fort. 
On se fait les vingt premiers km sur des terrains divers, chemins, bords de vigne, pistes, singles. Des petites descentes rapides en monotraces, des montées gentilles et jamais pentues pour le moment mais on y consomme du jus, donc faut se la rouler douce vu le programme. Peu de monde devant vu qu'on est parti de bonne heure.
Au détour d'un sentier, la triplette de Maillons s'accorde pour décerner une mention très bien à la photographe idéalement placée en surexposition pour flasher tous ceux qui passaient.
Mais ne perdons pas de vue notre objectif à nous et continuons notre périple dans des décors arides. Impossible de se perdre sur le parcours, le fléchage est impec. Des panneaux de couleur pour indiquer la direction, bien complétés par des flèches au sol. Gros boulot de fléchage visiblement et respect de la nature.

Tous les quinze km environ on peut apprécier un ravitaillement. 
Bien vu ! 
Fruits, coca basique, boissons diverses, cerises parfois, saucisses et fromages sur la fin, rien à dire y a ce qu'il faut.
Côté parcours ça lambine pas et c'est du costaud. Depuis le départ, on prend sans cesse de l'altitude, sans jamais redescendre totalement le dénivelé positif qu'on a pris. Et ce jusqu'à ce fameux Pic de Nore que vous atteignez beaucoup plus loin dans le texte et beaucoup plus mal dans les jambes. 

Durant tout ce temps il faut en filer des coups de pédale. Les bosses dans l'ensemble sont progressives mais très longues sur des pistes ou des chemins. Parfois on a droit à de véritables rampes assassines. La chaleur est bien présente mais heureusement on passe très souvent à l'ombre. De plus le vent vous facilite la ventilation.
On progresse dans un superbe site tout le long en parcourant les crêtes et les plateaux avant de replonger un peu dans les vallées. Des passages magnifiques sur les premiers cinquante km avec trois belles et longues descentes rapides et techniques.

La médaille d'or, je la mets sans problème à la descente qui fait suite au troisième ravito, à l'endroit ou vous devez choisir entre 80 et 100 km. Dommage de ne pas faire passer tout le monde dans ce joyau taillé dans une gorge perdue. Vous allez en prendre pour quatre à cinq bornes de plaisir intense. L'impression visuelle est curieuse. On n'a pas l'impression que ça descend vraiment et pourtant y a intérêt à garder les mains sur les poignées de freins car ça file à vive allure. 
Superbe trajectoire sur ce monotrace, ça bouge dans tous les sens. 
Les arbres et les rochers vous laissent pas toujours la place de les croiser et il faut être particulièrement vigilant par endroits car sur la gauche c'est le vide profond. 
Plus loin plus bas et plus beau encore, on pense que c'est fini après la traversée d'un ruisseau quasi sec puisqu'on se remet à monter fort… mais seulement sur une centaine de mètres avant de se remettre en roue libre pour le final splendide. 
De l'or pur je vous dis, et pour quelques carats de plus vous avez droit à l'autre côté de la gorge en fait, pour une dose supplémentaire de bonheur. Hallucinant !

Suite à cet épisode marquant, on se retrouve sur la route en fond de vallée longeant un cours d'eau. C'est là qu'on aperçoit juste en face en levant bien les yeux, la tour relais du pic du jour qu'il va falloir aller chercher. Avant d'y arriver, du calme et de la patience car ils vous font faire faire des détours sans ménagement. 
On réattaque les bosses pour un long moment. Je disais au début, lorsque j'étais un peu moins fatigué, que c'était le pays du vtt. Aie aie aie ! Lorsqu'on commence par redire une chose, c'est que bien souvent on a changé d'avis. 
Eh bien non, c'est toujours le cas, je confirme que c'est encore le pays du vtt mais pas seulement. 
C'est aussi celui de la cerise. C'est simple, à partir de là où on continue à en baver sur le vélo, il y en a partout. Mais quand je dis partout c'est pas un peu partout, c'est beaucoup partout. 
Les cerisiers ne sont pas verts comme ailleurs, ils sont rouges tellement il y en a dessus. Que ce soit dans les plantations ou dans les collines sauvages, sur le bord des routes et dans les champs, c'est une chaîne ininterrompue presque. 
Dans certaines montées, vous pouvez d'ailleurs en cueillir simplement en levant la main. Joli coin y a pas à dire.

Avec tout ça le temps passe, on laisse les cerises pour se concentrer à nouveau sur le gâteau qui commence à peser. Et dans ce monde à part, où on a déjà avalé de bons morceaux, il en reste encore et on déguste.
Une descente supplémentaire et sensass encore avant le ravito. Ca descend copieux et sans faire semblant. Une trace dans les roches bien techniques, ça remue très fort sous les roues avec de la caillasse épaisse et des virages en épingles pas simples à négocier. 
Dire qu'il y a quinze ans on n'avait pas de fourche, et pourtant le sentier était déjà là lui. C'est terrible pour tout le corps, ça vibre, ça résonne mais c'est des moments intenses.

Dans les descentes de ce genre, vous avez deux options au choix. La faire tranquille pour regarder la beauté du site et essayer de se reposer un peu ce qui n'est pas du luxe car la route est longue ou bien alors pour en profiter au maximum, de lâcher les freins autant que possible en restant raisonnable bien sûr. Mais là c'est du bonheur fatiguant, difficile en plus d'éclairer autre chose que la trajectoire des yeux. Concentration maxi.
Pour ma part, je fais encore trop souvent le deuxième choix, même si c'est usant sur la distance. Mais bon, on se refait pas. Et puis, y a toujours le Trésorier qui pousse derrière 😃.

Ravito quatre. On se regroupe, restauration pour tous, mise à niveau du camelback, étirements etc. 
En arrivant sur ce ravito, ça sentait bon la saucisse, en repartant ça commence à sentir le roussi. On se met en mouvement pour ce qui sera le plus gros du raid. La montée vers le Pic de Nore. On se trouve au km cinquante à peine et pendant vingt cinq bornes, on va faire quasiment que prendre de la hauteur. 
Entrecoupé par endroits de petits bouts de descentes, c'est à peu près neuf cent mètres de dénivelé qu'on se cogne sur la distance. C'est la partie la moins intéressante du raid, très longue et dure. La sensation que ça monte tout le temps sans suffisamment de récupération. Des chemins roulants heureusement mais qui demandent de l'effort permanent. 

Au ravito cinq, il vous reste encore sept à huit km dans le dur. Pas mal de sentiers larges en sous-bois qui protègent bien du cagnard, mais toujours un max d'énergie à fournir. Un paysage typique toujours agréable.
En sortant de ces enchaînements de cotes, on visualise enfin la pointe tant attendue. L'approche du pic est magnifique et bien plus abordable. 
Dans un chemin plat, autour d'un décor de garrigue. On pense tout d'abord qu'on va pas y monter totalement puisqu'on le double assez loin par la droite. On se fait quelques petites portions négatives sympas. Je retrouve même de belles couleurs dans les jambes. Finalement en bout de piste, on met à gauche toute et on change de cap vers le Nore. Là, y a pas de demi-mesure. Ça monte franchement, mais malgré tout on fait l'effort. Surtout que c'est un joli décor sauvage qui apparait.
Un peu de monde dans la verdure sur la hauteur quand on touche enfin le sommet. Le vent frais fait du bien au radiateur. A peine plus de 70 km depuis le départ, 1200 m d'altitude et déjà on passe les 6h de selle.
Une personne de l'organisation m'annonce un ravito à trois km après la descente. Parfait, celle là elle tombe à pic. Va y avoir du sport. Impossible de la manquer, départ entre les barrières façon compet. J'aperçois du monde devant. Super motivant. Allez, on se met en position pour dévaler le morceau.
A l'entame de cette descente, il vous reste à passer les trente derniers kilomètres à profil négatif qui représentent le meilleur du raid. C'est du tout bon qui se présente sous les roues maintenant. Le vtt c'est nettement mieux quand ça penche du bon côté et pour le coup vous êtes servis, ça dure un bon moment depuis que vous avez laissé le sommet. On dégringole d'ailleurs jusqu'au ravito numéro six. 
De même type que les autres avec en plus des charmantes personnes toutes en rose. Boissons et nourritures avant de continuer sur les quelques vingt cinq km qu'il reste.

Pour résumer la fin du parcours, c'est une succession de bonnes descentes bien raides et plus que remuantes. De belles parties de maitrise du vtt. De la caillasse un peu partout qui te mascagne tous les membres. 
La plupart du roulage se fait sur des monotraces, des portions avec un penchant certain vers l'avant dans des singles tout en terre glissante. Un sentier sur les hauteurs pavé de grandes dalles de pierres, des petites remontées de ruisseaux plus ou moins secs. On entre parfois dans des passages d'une incroyable noirceur. On y voit que dalle dans certains sous bois. Les sentiers s'enchaînent tout le long, et on reste sur du bon vtt très énergique. Mais pour profiter de tous ces délices il faut un bon état de forme, ce qui n'est plus mon cas depuis le sixième ravito.
La reprise se révèle très dure. La fatigue de la journée pèse sur l'organisme et j'avance de plus en plus en veilleuse. La moindre petite montée se fait en souffrance et les km s'allongent sur le compteur. Les quelques petits raidars à franchir sont éreintants quand t'es cramé. Dommage car tout se passe sur le vtt pour peu qu'on ait du jus. 

Le ravito sept, bien placé dans les veilles pierres d'un petit village, arrive tant bien que mal. Il reste 10 bornes ensuite pour rallier l'arrivée avec une petite remontée par la route pour rejoindre les éoliennes. Des éoliennes originales d'ailleurs, et que vous ne trouverez que là-bas, puisqu'elles sont sans hélices. Ben oui, sans hélices ! 
Mais ils sont au courant quand même sur place. Ça doit être les nouvelles énergies alternatives peut-être, ou bien un bug du système. Enfin bon, je continue mon agonie avec de moins en moins de jus moi aussi à tous les étages. Même quand ça descend c'est fatiguant quand t'es à la ramasse, je me fais copieusement doubler par des mecs qui avance pas non plus, c'est vous dire ! D'autres à l'inverse ont refait le plein de watts et vous enrhument copieusement. 
C'est plus la tête qui me fait avancer que les jambes. Bon finalement, le village d'arrivée apparaît avant que toutes les lumières s'éteignent et puis comme ça j'abrège un peu mon texte aussi, pour terminer plus vite ce raid qui est comme je le disais plus haut bien marquant à tous les niveaux.

Sur le podium, on en est à 98 km pour 2900 m de D+. Très costaud le 100 bornes. J'ai eu du mal cette fois.
Deux points qui me semblent passables tant que je suis chaud. Les grillades sur les ravitos c'est bien mais ce serait beaucoup mieux juste sur l'aire d'arrivée et puis le tarif d'inscription à 25 euros sans repas c'est quand même cher, même s'il y a une grande qualité d'organisation pour cette belle épreuve.

Niveau vtt c'est du tout bon en permanence, mis à part les longues montées vers le pic qui paraissent interminables, mais qui sont aussi un passage obligé je suppose. En tout cas quel que soit le parcours, vous faites pas le voyage pour rien et chacun doit y trouver son compte.
Bon faudra y retourner dans les éditions futures pour refaire ce final grandiose en meilleure forme.
Pour terminer la journée, passage obligé par le camping avant de regagner nos chaumières pour une bonne nuit de sommeil. Un peu mâché de partout le matin au réveil mais quelle belle aventure au bout du compte.

Bravo et merci pour la ballade.




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