25 février 2007

Garoutade

Superbement terrible ou terriblement superbe ? 
Dimanche dernier avec JLuc on s'est fait une petite sortie dans les Pyrénées Orientales. Un endroit où on n'a pas l'habitude d'aller, mais ça pourrait changer. 

La Garoutade, du nom de ce raid ça se passe dans le village de Ille-Sur-Têt à mi-chemin entre Perpignan et Prades. 

Le programme prévu était simple, deux parcours de 35 et 70 km. 
Rien d'insurmontable jusque là, c'est cette fourchette de distance qu'on fait couramment tout au long de l'année. La courbe du dénivelé apportait plus de précisions sur le contenu. 1200 m et 3000 m de dénivelé positif.
Eh ben voilà fallait le dire plus tôt ! 

Alors, c'est un peu pour ça qu'on y est allé. Même si on partait dans l'inconnu, ça promettait peut-être une partie de "plaisir".
Trajet rapide pour se rendre sur place, malgré la distance de presque deux cent cinquante bornes, c'est à deux heures tout au plus de Toulouse. 7h15 environ on arrive sur place, le départ étant libre à partir de 8h. Petit déjeuner, inscriptions rapides et pose de quelques pubs pour commencer. 
Le temps sur place est conforme aux prévisions, ciel couvert mais pas vraiment menaçant, température douce. Aussi je décide de partir habillé léger. C'était le bon choix, à part une petite averse de deux minutes sur un coin du parcours, le reste du temps était idéal avec même l'apparition du soleil par moments. La tramontane a aussi bien aidé à éloigner la flotte.

On déroule dans le village, qui s'éloigne rapidement au bout de quelques kilomètres dans des chemins roulants. Tant qu'à faire, autant que les bosses arrivent vite vu qu'il y en a un paquet. 
La une un peu dure comme toujours à froid, surtout que les premiers hectomètres sont raides. Elle est ensuite à l'image de presque toutes les autres. Ce sont des pistes larges et roulantes où on prend un rythme et on s'y tient. Plus ou moins longues, souvent plus que moins d'ailleurs, aussi il vaut mieux gérer vu le programme.
Lorsqu'on enquille le premièr monotrace à profil descendant, on commence déjà à se régaler. Dans les arbres, des enchaînements rapides, un peu beaucoup technique selon les passages. Les paysages sont plaisants, très pittoresques. Selon JLuc, ça ressemble un peu à la Corse. On est entre mer et montagne. 

C'est déjà superbe au niveau vtt mais la suite sera mieux encore. Je peux pas tout vous détailler, il faudrait s'arrêter pour prendre des notes et on a pas trop le temps.
Pour schématiser un peu le parcours, je dirais qu'on a droit en permanence à un duo gagnant. Montées roulantes et descentes monotraces splendides.
C'est enivrant de bonheur, incroyable et impressionnant même. Je pourrais vous mettre quinze superlatifs à la suite que ça ne suffirait pas. Tout s'enchaine parfaitement, c'est l'impression qui se dégage tout le long.

Un exemple marquant, je passe vite sur les trente premières bornes qui sont un régal de vtt en tout point et j'arrive donc au trente troisième km environ. C'est le deuxième des cinq ravitos (bien vu le nombre). On vient de se cogner une bosse gaillarde, plus par la longueur que par la difficulté et le gentilhomme nous dit "Vous êtes en haut, ça va descendre maintenant". 
Super ! On le croit d'ailleurs vu comment on domine les alentours. 
C'est confirmé ensuite un petit km plus loin. Après avoir déguster un single montant plutôt raide et joueur, ça descend passionnément et carrément à la folie. 
Ça descend fort et puis surtout ça descend longtemps. En regardant le compteur dans le village d'en bas, on a 6 km de plus. Tout ça dans une monotrace inoubliable. Hyper technique par endroits, des passages où il est obligatoire de sortir le cul derrière la selle pour pas faire un 360 vers l'avant. 
Mais ça passe presque partout à part une ou deux marches bien trop rudes. Le caillou de là-bas ne bouge pas, c'est toi qui bouge. De la bonne grosse pierre bien plantée, parfois tranchante. Faut bien choisir sa trajectoire. Y a pas que ça heureusement et dès que le parterre devient moins caillassé, on desserre les freins et le vent souffle. 
Énorme et ça n'en finit pas. En plus comme on est parti devant personne pour te ralentir, la voie est libre et on peut se lâcher à sa convenance. 

Arrivé tout en bas bien sûr, on prend les mêmes et on recommence. Une longue bosse, la plus difficile du parcours certainement. Toujours des chemins roulants et longs, y doit y avoir sept ou huit bornes par là et les deux dernières sont terribles. Une pente très raide, des rampaillous intenses avec heureusement quelques dizaines de mètres pour la récup par moments, mais ça use. Qui a eu l'idée de venir ici 😃?

Quand on regarde un film, il vaut mieux ne pas connaître l'histoire. 
Là on se doute vite de la suite du scénario. En haut rebelote, chassez le bonheur il revient au vélo. Cinq six km de mieux, meilleurs encore. C'est démesuré et difficilement concevable, quand on fait ce genre de raid la première fois. 
Même type de descente, même plaisir si ce n'est plus. Un souvenir qui me revient là, sur le bas de la descente, après avoir respiré un petit peu, c'est un petit monotrace qui nous attend. Presque toute en dévers pendant un très gros km très rapide. Pas de piège ou de caillou qui remonte quand tu passes, mais de superbes relances à faire pour avaler dix quinze mètres montant et reprendre de la vitesse dans l'enchaînement qui descend derrière. Total régal !
Tiens tant que j'y suis, j'en remets une couche sur le paysage toujours splendide. On prend pas toujours le temps de regarder quand on roule, aussi faut en profiter. 
Le Canigou bien enneigé sur le haut nous suit du regard tout le long. On se traverse aussi quelques villages à l'occasion des ravitos.

Et puis un mot sur le balisage. Là encore c'est du bon. On a vite compris quand on a vu la couleur. De la bombe de peinture fuchsia. Ca vous rappelle rien ? A croire que nos maillots se reflétaient au sol. Des tags bien placés la plupart du temps et bien sûr très visibles.
Bien vu !
Retour en selle pour la suite. Certaines parties intermédiaires du parcours sont moins difficiles heureusement, plutôt vallonnées. Bien agréable pour se refaire un peu, même si c'est jamais bien plat. 
Un passage singulier que celui de la traversée de l'autoroute. Par-dessous rassurez-vous. A l'aide d'un tunnel totalement noir. Et même si peu après y être entré, vous apercevez l'autre bout assez loin, on y voit que dalle. 
Y avait bien une bougie vers la fin qui brûlait encore. On peut supposer qu'il en avait d'autres tout le long mais elles n'auront pas fait long feu. Enfin c'était drôle et surprenant à la fois.

Il nous reste encore un peu de chemin à faire, et au moins deux bonnes côtes plutôt longues et usantes. Mais qu'importe, ça se fait sans lassitude. On arrive à monter à son rythme car derrière ce qui vous attend c'est du délice en km. Pas possible de s'en dégoutter  même si ça remue, il faut placer sa roue, ça bouge encore, trouver le bon compromis entre vitesse et équilibre. Grisant ! 

Y en a encore ? Pas de souci, on y va. On a un peu mal partout ou presque, mais c'est comme les desserts, ça se refuse pas. Faut juste faire attention quand ça replonge d'avoir une bonne lucidité et de pas se laisser aller sous peine de se faire de grosses frayeurs.

Dans la dernière montée-descente en plus on a pu revenir et passer devant quelques concurrents un peu joueurs. C'est toujours plaisant en fin de raid quand tout le monde est aussi rôti que toi, de se tirer une petite bourre sympathique. 


70 km annoncés, donc on apprécie grandement de voir enfin le village d'arrivée qu'on a lâché 75 bornes plus tôt. Y nous en avait remis cinq de plus les filous. Personne ne leur en voudra un seul instant. Au compteur 5h40 de roulage. 6h13 au total avec les temps d'arrêt soit une petite demi-heure bien employée pour se restaurer et récupérer.

Petite parenthèse avant de conclure.
Il faut être entraîné pour faire le grand. C'est dur, terriblement même par moments. 3000m en début de saison, c'est costaud.
Il faut de plus aimer les descentes techniques, ultra techniques souvent qui permettent encore moins qu'ailleurs de récupérer. Concentration et physique sont grandement sollicités tout le long, surtout si on se le fait tendance je chôme pas.

Ca mériterait un parcours intermédiaire d'une cinquantaine de km pour permettre un meilleur choix de distance au plus grand nombre. Enfin, c'est un terrain qui convient bien lorsque c'est très sec, ce qui était le cas (assez étonnant pour la saison). Ca collerait pas forcément si c'était mouillé car c'est assez sablonneux, mais les descentes s'en trouveraient très glissantes je pense et surtout beaucoup plus ardues. 

Voilà ce qu'on peut en dire, mais le mieux c'est encore de le faire.
Moi je vous le dis tout net si vous l'avez mal perçu, j'ai adoré. 
Mais même plus que ça encore. Un raid mémorable. J'imagine pas qu'on puisse ne pas aimer ce genre d'épreuve. Même en faisant le petit parcours on doit se régaler.
De même sur ce qu'on a vu tout autour en roulant, il y a des sentiers qui partent dans tous les sens, donc ils doivent savourer en permanence à chaque sortie vtt dans le coin.
Encore une fois au final, la difficulté n'est rien comparée au plaisir que vous avez en retour. 

Époustouflant et prodigieux j'aurais envie de dire et s'il fallait donner un classement sur cinq étoiles, je pense que je leur en mettrai bien six. 

A l'arrivée, douches et repas chaud dans une belle ambiance. Un accueil très sympa tout du long. Quelques 320 participants dont 90 sur le grand parcours. Y a déjà des photos sur leur site.
La Garoutade c'est un terme de rugby selon les gens du coin. Ça s'emploie lorsque c'est un peu chaud sur le terrain, que ça castagne un brin. 
En vtt je confirme, c'est souvent chaud et ça tape aussi beaucoup. Mais on en redemande.

Deux questions essentielles pour finir : Est-ce qu'on y reviendra et est ce que vous devez y aller ?
Oui. D'urgence.

Bon vtt à+


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