22 février 2009

La Garoutade

Les bonnes choses, c'est bien connu, on en redemande tout le temps.
Sauf que certaines, il faut attendre un an avant d'en profiter de nouveau. C'est peut-être pour ça d'ailleurs qu'elles sont si bonnes.


A la recherche d'un bon départ vtt en début de saison, on s'est trouvé il y a deux ans de ça un petit raid "gentil" dans les PO.
On peut dire sans hésiter que ça en est une de bonne chose.
Du coup on s'en est fait une classique d'hiver. Il n'y a pas que nous d'ailleurs.

Déjà il fait beau chaque année, alors qu'on est quand même en plein mois de février.
Ensuite, question vtt c'est du tout bon partout.
Et enfin, vous faîtes pas le voyage pour rien puisque vous êtes sûr d'avoir votre compte à la fin et pour pas cher en plus.
Le plan est simple et se résume en deux ou trois chiffres.
Un seul parcours de 70 km, 2700 m de D+ et de 6 à 8 heures sur la selle en moyenne pour la plupart.
A partir de là, c'est à vous de jouer 😀.

Avant de prendre le départ, il est conseillé de s'intéresser aux inscriptions dès le mois de janvier ou avant, car elles sont ouvertes pour seulement 300 personnes.
Une limitation vite atteinte certainement car ce raid est maintenant connu de partout en France.
La difficulté bien marquée de ce périple, surtout en début de saison, un seul parcours long,
la beauté et la qualité du circuit proposé a eu tôt fait de contribuer au fil des ans à la belle renommée de cette épreuve. D'où la limitation du nombre, voulue par les organisateurs du club de l'Ille-Sur-Têt.
Une façon aussi de mieux gérer l'ensemble des concurrents, même si trois cents c'est assez peu.

On a fait le déplacement en bon nombre cette année au club vu qu'on s'y retrouve à 11
pour profiter de ces superbes parcours et se borner à des km de plaisir.
L'approche se fait la veille obligatoirement pour être le plus en forme possible le matin.
Après une nuit peinarde dans les campings du coin, le rassemblement se fait au milieu du village.
Un petit café pour la route avant de terminer la préparation.
Ca vanne un peu comme d'habitude et pas forcément de très bon goût.

Bon on arrête les conneries et on se met à rouler dans le bon sens vers 8h du mat.
La sortie du patelin est vite oubliée, et on chemine sur les chemins j'allais dire. Logique et vrai d'ailleurs.
Le départ est quasi identique aux autres années, et on s'attend à enquiller la première bosse qu'on connaît bien.
Perdu ! Cette fois on a droit à une variante en monotrace qui d'entrée vous fait chauffer le cardio avec quelques passages bien raides.
Ca passe malgré tout, mais il faut y mettre du jus et du jarret.

La donne a changé en 2009, là où les années précédentes on se grimpait les montées sur des boulevards pas trop pentus et bien lisses, cette fois toute les bosses se feront avec des passages en monotrace qui corsent sérieusement l'aventure.
En même temps c'est superbe et mieux que les pistes d'un point de vue vtt pur, mais c'est aussi bien plus dur.
Ca va se payer sur la fin à coup sûr, aussi vaut mieux mettre la pédale douce.
Des sentiers variés et nombreux dans des décors superbes, c'est ce qui vous attend.
La halte à chaque ravitos bio est conseillée, histoire de prendre du carburant pour la suite.

Les descentes sont toujours un pur régal et un plaisir à rallonge vu qu'on y passe du temps. Il y a tout pour plaire. Des enfilades rapides où on peut se lâcher mais surtout dans les plus grosses des énormes passages techniques, et même ultras techniques.
Ca secoue grave pendant longtemps par moments. Les machines et les types assis au dessus (quand ils arrivent à y rester) sont mis à rudes épreuves. Pas le temps de trop souffler.
La plus dure des descentes étant celle suivant le CH3.
Déjà avant de basculer, vous devez vous cogner une bosse bien fournie. On la connaît car elle y est chaque année au programme et les deux derniers km se font sur une trace plus étroite avec des murs en paliers d'une cinquantaine de mètres (hors taxe) à chaque fois.
Un peu de récup après chaque palier, mais ça fait hurler les cuisses jusqu'au bout.
Et puis pour changer un peu cette année, plutôt que de redescendre une fois là haut, eh bien ils nous ont trouvé un beau monotrace un peu plus corsé encore pour finir la grimpette.
Dur dur la promenade ! Bon t'as pas le choix en même temps, les flèches du balisage fuchsia indique bien que c'est par là qu'il faut passer.
C'est du vrai vtt pur et dur. On va pas s'en plaindre mais comme dirait l'autre "on en chie".

Quand ça se termine enfin, vous entamez une descente de dingue. Une bonne quinzaine de minutes peut-être pour l'avaler, et certaines bouchées sont piquantes et peuvent rester en travers.
Ça n'arrête pas de dégringoler et parfois des passages très durs à négocier avec des marches ou des saignées entre les pierres qui demandent une bonne maîtrise.
Garoutage garanti dans ces passages sévères. Les tout suspendus sont de rigueur dans le coin et avec mon semi rigide bout de bois, même si je me sors d'à peu près partout, c'est terrible physiquement.

Un très beau point de vue sur le haut de la descente peut vous permettre de souffler quelques instants.
La fin de l'avalanche vous propulse vers le troisième ravito qui se situe un peu après la mi-parcours.
De là on repart sur une piste plutôt cassante à profil montant. Ça monte pas fort et c'est tant mieux, un peu de calme avant de tracer à vive allure sur un nouveau sentier en sous-bois.
Excellent, ça virevolte et ça tourbillonne entre les arbres pour un bon moment.
Une douzaine de bornes plus loin environ, on finit cette superbe petite boucle en repassant par le même ravito.

Poursuite du moulinage pour rejoindre le village de Rodès avec un profil du parcours qui vous permet de respirer maintenant.
C'est plus roulant et plus facile à gérer. Les passages en bords de vigne ou le plaisir de retrouver comme en 2007 un monotrace d'un bon km plutôt descendant et très joueur, avec des petites relances à faire parfois pour franchir une bosse de quelques mètres et reprendre de la vitesse derrière. Splendide.
Un peu plus loin, le passage obligé du raid avec la traversée de l'autoroute sous le petit tunnel bien noir.
Le village arrive vite avec un ultime ravitaillement avant la dernière partie qui vous réserve deux bonnes côtes et autant de descentes.

La montée du barrage après Rodès se fait classique habituellement.
Pas cette fois. A peine entamée, la côte se transforme en portage comme c'était annoncé.
Pas très long sur la première partie, quelques dizaines de mètres, on peut se remettre en selle rapidement et malgré la fatigue et la bonne cinquantaine de km accumulés, on arrive encore à appuyer sur les manivelles.
Plus haut, pas question de passer sur le vtt. Gros portage obligé.
On rentre dans le dur et il y en a bien pour un petit quart d'heure de marche.
Ca fait long quand vous êtes bien entamé et sur la fin d'un parcours c'est toujours dur un portage.
Mais bon faut faire avec. Le point positif c'est la grande beauté de l'endroit, un décor de canyon d'un côté et une belle vue sur la plaine de l'autre.
Ca vaut le coup d'œil c'est garanti. En fin de sentier, on monte un peu plus sur la piste pour se relancer dans une descente bien remuante.
Du bonheur encore et toujours. Mais gare ou vous mettez les roues. J'en suis quitte dans celle là pour une cabriole par devant.
Une marche mal négociée qui m'a fait valser sur la caillasse de l'endroit qui manque franchement de douceur.
Rien de grave heureusement une fois rétabli, mais ça vous remet les idées en place et vous invite à lever un peu le pied.

Le début de la dernière bosse se présente en suivant.
Une côte bien longue et identique chaque année.
Pas de portage ni de monotrace sévère, que de la piste bien large.
J'ai pas trop la pèche donc on se la fait en dedans. La fatigue est bien installée et en plus sur certaines parties, le vent de face vous pourri bien l'existence.

Une fois en haut à droite toute sur la plaine pour aller chercher la dernière descente.
Sympathique décor de moyenne montagne. Petits arbustes et roches en pagaille avec au milieu un bon monotrace qui ondule plus ou moins.
Quelques franchissements, quelques coups de reins pour passer sur le vélo par endroits.
Lorsque vous commencez à descendre, on a droit au même tarif que dans les autres.
Du rapide parfois, mais surtout du technique la plupart du temps. Ca te remue vivement toute la mécanique humaine.
Les épaules et les avants bras prennent du jeu. Faut rester lucide et pas être trop optimiste.
Je suis moins bien que les autres années, alors du coup ça passe moins vite partout, c'est moins joueur mais on apprécie quand même.
La pente s'accentue parfois sérieusement, pas question de lâcher les freins, les caillasses se feraient un plaisir de te moisir la fin de ton dimanche.

Tout en bas, quand tu arrives à retrouver enfin un peu de calme, il te reste trois ou quatre km à peine pour dérouler et même s'il n'y a plus trop de jus ou de lumière à tous les étages, on rentre sans difficulté jusqu'au village.

68 km depuis que tu as démarré, le D+ annoncé est bien présent sur le gps et dans les jambes.
Le temps de roulage 2009 est de 6h30 presque. 5h15 en 2008. Je comprends mieux la fatigue bien plus importante cette année.
Le parcours a été corsé comme prévu et avec le même entraînement, c'est plus rude.
Ca reste bien entendu une superbe épreuve mais qui demande maintenant un entraînement sérieux pour la négocier au mieux.
On ne peut pas tenter de la faire si on n'a que très peu de roulage.

Seulement 150 personnes ont fini soit la moitié. Ce qui indique clairement la difficulté de ce raid et c'est une stat que les organisateurs doivent sûrement prendre en compte si ces chiffres se confirment les années futures.
Dommage de ne pas permettre à celui qui est un peu juste de ne pas pouvoir le faire entièrement, tellement ça vaut le coup partout.
Bien entendu, certains ne le trouveront peut-être pas assez dur encore mais il faut trouver le bon compromis, même si ça n'est jamais simple.
En tous cas, quand on décide d'y aller, on sait à quoi s'en tenir et selon les années, les parcours seront certainement plus ou moins rudes mais toujours superbes. C'est bien là l'essentiel.

Quand le vtt est rangé et la douche prise, le plaisir continue autour d'une bonne table garnie comme il se doit avec l'apéritif et des petits plats régionaux.

Merci et bravo encore pour cette édition 2009, c'est du tout bon comme d'hab.
Rien à rajouter, sinon qu'il faudra encore revenir en 2010. 

Difficile de résister à la tentation.



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