28 février 2010

La Garoutade

Fin février, comme chaque année maintenant, le vététiste assidu en quête de sensations chaudes et de temps clément, descend vers le sud, pour le pèlerinage annuel du début de saison, qui se déroule dans un petit village des PO.


► Srava - Garoutade

Ille-Sur-Têt, une bourgade de 5000 habitants environ qui sert de point de départ (et d'arrivée aussi à ceux qui peuvent 😀) à une épreuve vtt de renommée, la Garoutade. 

Allez gaz ! Mais pas si vite, car vous n'avez pas encore filé un seul coup de pédale que c'est déjà dur, vu qu'il faut pouvoir s'inscrire.
Trois cent places, pas une de plus. 
Vendues essentiellement sur internet si vous n'êtes pas connectés le jour de la mise en ligne, passez votre tour.
On est en décembre quand la porte des inscriptions s'ouvre. Le buzz est au maxi sur les forums depuis un ou deux mois et vingt quatre heures après tout au plus, y a plus rien.
Dans l'avenir, il faudra sûrement moins de temps pour vendre trois cents places que pour faire le raid.
On y vient de partout en France sur ce raid et pour nous du côté de Toulouse on est quasiment les voisins les plus proches.

Bon vous avez passé la première difficulté, il ne vous reste plus que du bonheur maintenant.
Deux mois pour parfaire sa préparation, car c'est quand même pas une simple ballade de santé.
Pour apprécier ce raid à sa juste valeur, il convient d'être dans une forme honorable
sous peine de ne pas pouvoir finir ou de terminer en rampant.

Jour J moins un, on s'approche du départ. Il me tardait que ça arrive cette année.
Un peu plus impatient que les autres éditions, ou une envie plus forte que ça arrive pour passer à autre chose ensuite.
Ca fait quatre Garoutade qu'on enquille de suite au club et on a nos marques dans le coin.
Bref, on est en place au camping du village d'à côté dès le samedi après midi.
11 inscrits du club en décembre, on n'est plus que neuf au départ.

Le samedi, un vent terrible secoue la région, il fait pas froid mais si le lendemain ça souffle aussi fort, ça va être gaillard avec ce zef.
Dimanche matin de bonne heure on se présente sur l'aire de départ après quelques km de liaison depuis le camping.
Un peu avant 8h, on se met à mouliner vers la sortie du village.
Les données sont simples à chaque édition, 70 km pour 2700 m de D+.
Bon voyage !

Le départ classique vous emmène rapidement vers une beau petit monotrace montant
avant de basculer sur la piste principale qui se prolonge un peu plus que d'habitude cette année.
Quelques km plus haut, vous basculez dans la première descente du jour.
Un apéritif de bien bonne qualité pour ouvrir l'appétit.
Les descentes toutes en monotraces bien entendu. Il n'y a que ça là-bas pour perdre du dénivelé.
La plupart du temps très techniques et physiques.
Elles demandent une bonne concentration, mais surtout vous procurent de superbes sensations en permanence.
Après quelques km, vous êtes déjà dans ce qui fait la qualité et la grandeur de ce raid.
On peut parler d'organisation compétente, de beauté du site, de l'accueil des personnes, du temps toujours impeccable années après années des ravitos bio et du verre à timbaler (trimbaler pardon), de la joie de tous à partager cette aventure etc etc, mais ce qui le rend si attractif ce raid, c'est tout simplement le terrain de jeu grandiose qu'il vous propose.
Sans ça, on n'aurait pas ce niveau de satisfaction.
Longues montées sur piste ou chacun progresse à son train. La pente n'est jamais trop méchante heureusement et ça permet de reprendre de la hauteur sans trop se cramer, avant de dévaler les enfilades de singles qui se tortillent devant les roues.

A peine 30 km, on est déjà sur le ravito 2 au pied de la plus grosse ascension, le CH3.
On le prend par l'autre côté cette année. Ce qui le rend un poil plus dur du coup, car pour rejoindre la piste principale on grimpe un chemin avec une pente bien prononcée.
Une fois sur le replat, on peut souffler un peu avant de s'attaquer au final de la montée.
C'est le plus dur du raid en matière de pourcentage, il y en a pour 20 minutes environ.
Des coups de cul à répétition, sévères avec une pente supérieure à 20% bien souvent.
Tout est calculé pour bien te pourrir la vie, mais il faut en passer par là.
Heureusement des portions plus légères permettent de récupérer un peu.

La descente qui vous attend valait largement ce bel effort pour aller la chercher.
Du bon gros dénivelé négatif avec tout ce qu'il y a de plus vibrant dans le coin. Splendide !
De retour au calme sur le bas, on remonte progressivement sur une piste plutôt esquintée avec des pavés et des cailloux en pagaille mal rangés.

Avant d'arriver sur les hauteurs, on bifurque à droite sur une monotrace qui vous attire vers le bas de fort belle façon encore avec de sérieux dévers et des passages chauds bouillants. On finit par déboucher dans la vallée qui va vous ramener tranquillement vers Rodès.
Je dis tranquillement car c'est une portion intermédiaire qui n'est pas très difficile physiquement, mais sur laquelle il vaut mieux lever le pied un peu et respirer car il y a encore du boulot en face avec deux dernières ascensions.
Après le cheminement en bordures de quelques vignes et le passage indispensable sous le tunnel, on se retrouve dans le village de Rodès pour un troisième ou quatrième ravito, je sais plus.
De toute façon on s'arrête comme à chaque fois pour faire le plein.

On repart dans les rues du village mais pas comme d'habitude.
Alors que les autres années on remontait direct vers une longue ascension ou un portage (argh en 2009), cette fois après quelques ruelles en touriste, on se dirige vers une nouveauté.
Un chemin de pavés nous tanne les guibolles pour prendre un peu de hauteur avant de plonger vers de superbes gorges perdues au milieu d'un défile de falaises impressionnantes.
Sensass la descente pour arriver en bas avec un troupeau de marches à franchir ou les freeriders avec leurs 150 de débattements doivent s'en donner à cœur joie.

Une fois dans la fosse en bas, on serpente au bord d'un petit canal sur la gauche et surtout avec la beauté des gorges qui se découpent un peu plus bas. Superbe site !
On peut quasiment tout faire sur le vtt, en faisant bien gaffe quand même de pas se retrouver dans la flotte car on est vraiment très proche sur la bordure de béton parfois.
Quelques parties trialisantes avec des franchissements de grilles, de roches ou de passages très étroits.
C'est une super nouveauté qu'on retrouvera sûrement à l'avenir car c'est bien mieux que la montée classique.

Quand on s'échappe de ce défilé, c'est pour reprendre de l'altitude vers le barrage et aller chercher une nouvelle descente remuante à souhait.
On se lasse pas de ces monotraces qui vous régalent de haut en bas.
Ca descend toujours bon train et longtemps surtout.
On fait plus trop attention à la fatigue quand la pente est dans ce sens et on laisse aller, on se reposera un peu en recommençant le moulinage en remontant.

Dans cette descente qu'on pratique à chaque édition, et on en redemande, on aperçoit le village d'arrivée depuis là haut avec une vue splendide sur la large vallée environnante.
Mais en bas, ce n'est pas finit pour autant.
Sauf pour ceux qui sont vraiment rincés ou trop juste, une option directe et plate leurs permet de rentrer sans difficulté.

Pour les autres, en guise de gourmandise, vous reprendrez bien une petite douceur pour la fin.
Il reste la montée finale comme toujours et il faut se remettre dans le mauvais sens de la pente.
Qu'importe, on y va de bon cœur même si ça tire et que la fatigue t'entoure.
Le mental prend le pas sur le physique et on se remet à pédaler.
L'idéal étant d'être à plusieurs pour que ça passe un peu mieux.

La montée on la connait, elle est très longue. Sauf que cette fois on n'y va pas direct tout là-haut.
La petite surprise se présente sur la gauche un peu plus loin. Y a pas de doute c'est bien par là.
Les tags fuchsias bien visibles depuis le départ vous invitent gentiment à les suivre dans un monotrace de chèvre.
Si vous levez les yeux un peu plus haut, vous les voyez d'ailleurs les chèvres qui vous précèdent.
A pied, en train de pousser ou de porter le vtt.
C'est donc la surprise promise, un portage obligé de quelques centaines de mètres.
Moins long et moins dur que l'an dernier mais quand même, c'est pas évident.
On s'est demandé l'utilité de cet effort supplémentaire alors qu'il nous reste à peine six ou sept km pour rallier l'arrivée.
Malgré tout quand on débouche sur la partie haute, on serpente ensuite sur un sentier de crête superbe.
On peut rouler partout quasiment, et au final une fois le portage passé, je l'ai trouvé intéressant par rapport à la montée classique, mais bien sûr beaucoup plus dur.

Mais c'est ça aussi la Garoutade, dépasser quelques limites pour en retirer une véritable satisfaction de l'avoir faite à chaque fois.
Ce joli sentier vous promène un bon peu toujours agréablement, ponctué par des bouts de descentes, des relances, des passages techniques et vous conduit discrètement mais sûrement vers la cerise sur le gâteau.
Ben il commence à être épais et garni le gâteau.

Alors qu'on pouvait penser se retrouver en haut et se préparer à quelques étirements de récupération sur le vtt en vue de plonger des deux roues dans la dernière descente,
voilà qu'on se met à tortiller sur un terrain de moto cross pendant une grosse quinzaine de minutes. Peut-être plus je sais plus, mais en tous cas, ça te marque et tu t'en souviens longtemps ensuite.
Ca plaisante plus dans cette ribambelle de tourniquets.
Cinquante mètres vers le haut autant vers le bas et ainsi de suite pendant peut-être une ou deux bornes qui paraissent interminables.

Et encore, on est trois ! 
Bien entamés, mais on fait l'effort et on arrive à passer pas trop mal.
J'imagine ceux qui étaient vraiment ruinés là dedans, ils ont du lâcher quelques noms d'oiseaux et en maudire plus d'un.
À la fin du toboggan, ultime plongeon dans un trou pour se retrouver face à un mur.
Dernier portage escalade échelle varappe, d'une cinquante de mètres (au secours).
C'était au programme en 2010, fallait le faire.

Quand vous sortez de là, c'est du pain béni qui arrive.
La dernière descente rapide mais ô combien agitée et turbulente vous propulse (mollo quand même) vers l'arrivée.
Une belle joie vous anime quand vous parcourez les derniers hectomètres de liaison qui vous annonce la fin d'une Garoutade encore réussie.
72,5 km, 2600m de D+, 6h de roulage et un plaisir incalculable.

Sacré ballade qui fait l'unanimité côté plaisir.
Le repas bonus vous remet bien vite d'aplomb avec une fidéua énorme et à volonté.
Changez rien surtout.




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